Des légumes d’ici? L’affaire est dans le sac!

Des légumes d'ici? L'affaire est dans le sac!

Pois, haricot, maïs et ainsi de suite : Bonduelle s’approvisionne dans les provinces où se trouvent ses usines, comme le Québec, l’Ontario et l’Alberta pour fabriquer ses mélanges de légumes. Le saviez-vous?

Même dans un contexte de mondialisation et d’approvisionnements délocalisés et bon marché, Bonduelle persiste et signe. L’entreprise s’associe à des producteurs agricoles d’ici pour produire sa marque-phare Arctic Gardens, foi du directeur agricole de Bonduelle lui-même, Robert Deschamps (oui, c’est son vrai nom!). Cet agronome signe des contrats d’approvisionnement avec plus de 400 producteurs québécois. Son objectif : approvisionner les usines de surgélation et de mise en conserve le plus localement possible pour réduire les coûts du transport, éviter les kilomètres alimentaires inutiles et diminuer l’empreinte carbone des produits.

Bienvenue chez Jocelyn

Les cultures sont lentes, mais la terre est patiente. On ne l’apprendra pas à l’agriculteur Jocelyn Michon, qui sait que cultiver la terre est un travail exigeant et qui demande de la précision et une bonne dose d’abnégation quand les graines sont dans les sols – et entre les mains de dame Nature. Ce producteur situé dans le « garde-manger du Québec », la plaine fertile de Saint-Hyacinthe, met en terre des semences de maïs, de soya, de pois et de haricots depuis plus de 40 ans.

Or, depuis trois décennies, ce Maskoutain ne laboure plus ses champs, semant ses graines sans labourer et travailler préalablement les sols avec des machineries aratoires. Le but : favoriser la vie, comme celle de vers de terre, de champignons, de bactéries et d’autres bestioles microscopiques. « Je lutte contre les mauvaises herbes avec des herbicides et des plantes de couverture plutôt qu’avec la charrue! », explique l’agriculteur. La technique du « semis direct » lui permet de réduire de quatre fois sa consommation de carburant, ce qui génère moins de gaz à effet de serre. Plus besoin de labourer, de herser, d’érocher les champs. Environ 10 % des céréaliculteurs québécois utilisent cette technique innovatrice.

Ainsi, Jocelyn Michon est une sommité en ce qui concerne la santé et la conservation des sols. On l’invite à de multiples colloques ici et à l’étranger pour l’entendre partager son savoir en matière de semis direct et de semis sous couverture végétale, deux techniques en vogue. Le Conseil canadien de conservation des sols l’a d’ailleurs intronisé à son temple de la renommée en 2009. Quatre ans plus tôt, l’homme remportait le prix « Excellence en agroenvironnement » du concours de l’Ordre national du mérite agricole.

Chaque mois ou presque, l’agriculteur reçoit des groupes d’étudiants ou de producteurs agricoles – quand ce ne sont pas les chercheurs ou les agronomes eux-mêmes – qui viennent constater les bienfaits de ne plus labourer. « Je ne suis pas certifié biologique, car j’utilise des herbicides. Je considère toutefois mes sols plus vivants que les sols bios, car les producteurs de sols bios sarclent continuellement les champs pour éliminer les mauvaises herbes, ce qui nuit aux êtres vivants du sol », analyse cet amoureux de la terre.

« Quand on me demande ce qui m’a poussé vers le semis direct, je dis que c’est la paresse, parce que j’aime en faire le moins possible! », rigole-t-il. Dès les années 1970, Jocelyn évitait par-ci par-là un passage de machineries pour moins travailler la terre. Il diminuait aussi graduellement la profondeur de travail des appareils dans le sol – de 30 à 20 centimètres, puis à 10 et à 5. En 1994, il était enfin mûr pour ensemencer directement les terres. Aujourd’hui, les beaux soirs d’été, il inspecte ses champs soigneusement, y faisant des tournées en véhicule tout-terrain avec sa conjointe Nicole.

« En agriculture, je me sens comme quelqu’un devant un tableau. Je peins ma propre toile. Il faut être un artiste pour réussir en semis direct, car c’est un art! »

Grâce à un système GPS couplé à un système d’autoguidage, Jocelyn Michon peut mettre en terre ses semences sans même toucher le volant du tracteur, qui effectue de belles lignes droites précises au pouce près. Ainsi, en circulant toujours aux mêmes endroits, il diminue fortement la compaction des sols.

Haricots 101

Haricots

« Le travail d’agriculteur est un métier d’équilibriste. Avec la météo, il y a toujours des imprévus! », explique l’agronome Guillaume Marceau, de Bonduelle, qui a marché toutes les semaines en 2016 dans le champ de haricots no 41 de Jocelyn Michon pour dépister les mauvaises herbes, les maladies fongiques et les insectes ravageurs avec des pièges à phéromones installés en bordure de champ.

Car il ne suffit pas de semer : le succès d’une culture se dessine avant et après le semis. Avant, il faut prévoir la succession des cultures dans un même champ, ce qu’on appelle l’assolement ou la « rotation des cultures ». Jocelyn Michon s’évertue à allonger la rotation sur cinq années, cultivant successivement du maïs, du soya, du maïs, du soya et des légumes. L’année « légumes » se compose habituellement d’une culture de pois au printemps et d’une culture de haricot l’été. Rares sont les agriculteurs qui peuvent cultiver deux fois dans un même champ durant une saison, mais la courte durée de ces cultures – environ 65 jours chacune – le permet aisément. Ainsi, pas question de faire de la monoculture chez Jocelyn Michon!

Et après la récolte, pas question de laisser la terre se reposer non plus! C’est effectivement un mythe de croire que la terre a besoin de repos, d’une période de jachère. La vie dans le sol profite d’une bonne diversité de cultures, qui brisent le cycle des mauvaises herbes, des maladies et des insectes.

Aussitôt les haricots récoltés, Jocelyn Michon épand dans ses champs du fumier de poulet riche en éléments minéraux et en matière organique, après quoi il sème du seigle, céréale qui s’établira dans le champ en formant une sorte de tapis gazonné. Le printemps suivant, le seigle sera détruit avec un herbicide, laissant sur place un chaume épais qui protégera le sol des rayons agressifs du soleil et ralentira l’évaporation de l’eau du sol. C’est dans ce « manteau » que l’agriculteur sèmera son maïs. C’est ce qu’on appelle un « semis sous couverture végétale », technique novatrice issue de l’agriculture biologique qu’adopte Jocelyn pour protéger cette ressource précieuse – et non renouvelable – que sont les sols.

Grâce à ses efforts, Jocelyn Michon peut compter sur plus d’un milliard de vers de terre sur les 240 hectares de terre qu’il cultive, signe que ses sols sont bien vivants. Cette quantité représente plusieurs centaines de vers… par mètre carré de sol! Ces derniers labourent et décompactent le sol, mélangent les résidus de cultures dans le sol, creusent des galeries qui aèrent la terre, font des canaux qui évacuent les surplus d’eau et homogénéisent les éléments fertilisants dans le sol. Des employés qu’on ne rémunère vraiment pas cher… mais qui rapportent gros!

Bilan du champ no 41

Malgré quelques épisodes de pluies torrentielles entrecoupées de sécheresse l’été dernier, Jocelyn Michon s’en est tiré avec un rendement très acceptable de 7,5 tonnes de haricots par hectare, une fois les récolteuses sorties de son champ de 36 hectares (l’équivalent de 67 terrains de football). Il faut dire que les rendements peuvent varier du simple au double selon les aléas météo.

Dès leur récolte et pour maximiser leur fraîcheur, les haricots ont été acheminés en une heure à l’usine de surgélation de Bedford, pour un produit… plus frais que frais!

Voyez l’accéléré photographique ou time lapse du champ de haricots no 41 de Jocelyn Michon, qui cultive à Saint-Hyacinthe, dans les riches terres argileuses de la Montérégie.

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