Une famille experte en allergies alimentaires

Tableau noir avec le nom des allergènes les plus populaires

Dans les vingt dernières années, la fréquence des allergies causées par la nourriture a augmenté d’environ 50 %. C’est d’ailleurs pourquoi le niveau de sécurité alimentaire s’est considérablement accru dans les écoles et les garderies. Dans une classe, la toujours plus grande présence d’enfants ayant des allergies différentes occasionne la création de règlements tels que l’interdiction d’amener des muffins ou des petits gâteaux faits maison en collation. Vues de l’extérieur, les allergies peuvent paraître effrayantes, mais… que vit réellement une famille aux prises avec cette situation?

Rencontrez la famille Marois et ses quatre enfants

Pour mieux comprendre la situation d’un point de vue intérieur, nous avons cette semaine rencontré une famille bien spéciale, qui depuis maintenant 17 ans, cohabite quotidiennement avec les allergies alimentaires. Il s’agit de la famille Marois, dont Luc et Marie sont les fiers parents de quatre enfants : Simon (17 ans), Florence (15 ans), Rosalie (12 ans) ainsi que Sarah (8 ans)

Premiers signes et découvertes des allergies  

À sa naissance, Simon était un beau bébé en parfaite santé. Dès l’âge de 9 mois, il a commencé à manger de la « vraie nourriture », qui le faisait souvent régurgiter. Personne ne s’inquiétait, Simon était simplement catégorisé « d’enfant difficile ». Les parents ont alors décidé de couper le lait de l’alimentation de leur fils, et les réactions ont subitement diminué, sans toutefois disparaître. Après de nombreux tests, tout s’est éclairci : Simon était allergique au lait, aux œufs, aux arachides, aux patates crues et à certains médicaments!

Nouvelle réalité, nouveau mode de vie

Dès que les allergies de son fils lui ont été confirmées, Marie n’avait guère le choix que de s’habituer graduellement à un nouveau mode de vie. Avec un enfant allergique en si bas âge, laisser traîner un aliment allergène à portée de main représente un énorme danger. Sa première réaction fut tout à fait normale : « Mais qu’est-ce que je vais bien lui cuisiner? » Elle a ensuite compris qu’elle devrait redoubler de prudence et partir à la découverte de nouvelles recettes. Avec les années qui passent, Marie est devenue une experte en sécurité alimentaire et elle a développé de nombreuses méthodes afin que Simon soit à l’abri du danger potentiel.

Voici donc les trucs qu’elle a adoptés avec le temps. Ceux-ci ont très bien fonctionné pour elle, à vous de voir lesquels sont appropriés à votre situation!

Enfant se lavant les mains

Les trucs que la famille Marois a développés avec le temps :

L’incontournable vérification des ingrédients

Regarder attentivement la liste d’ingrédients de tous les produits avant de les acheter. Beaucoup de collations ou de desserts ont la mention « peut contenir des… », qui peut être trompeuse. C’est toujours mieux de ne pas courir le risque et de laisser ces produits de côté, même si cette indication est souvent présente dans le but premier de protéger les fabricants si jamais un incident se produisait.

Apprendre quels sont les dérivés des produits auxquels son fils est allergique, puisque par le passé, certains fabricants désignaient les ingrédients comme le lait et les œufs par d’autres noms sur l’étiquette des produits. Voir les listes complètes des autres appellations et dérivés des allergènes les plus populaires. Aujourd’hui, comme les exigences à l’égard de l’étiquetage sont devenues plus strictes, l’utilisation de ces noms est normalement interdite. Par contre, si vous apercevez l’un d’eux sur une étiquette, n’achetez pas le produit.

Visiter les épiceries spécialisées qui permettent aux parents d’enfants allergiques de magasiner plus facilement, sans vivre déception après déception en voyant les listes d’ingrédients. À Québec, l’entreprise Solutions offre à ses clients une grande variété de produits santé et sans allergène en plus des services sur nutritionniste sur place. Un peu partout au Québec, c’est aussi possible d’aller magasiner aux épiceries santé Rachelle-Béry, car tous les produits y sont biologiques et naturels : il est donc toujours possible de savoir ce que ceux-ci contiennent réellement!

L’hygiène avant tout

L’hygiène est le mot d’ordre chez les Marois. Interdiction de manipuler quoi que ce soit dans la cuisine ou de quitter la table sans s’être lavé les mains! On répète souvent aux jeunes de nettoyer leurs mains avant de manger, mais en présence d’un enfant possédant de graves allergies, c’est d’autant plus important de se les laver après avoir mangé. Une simple de goutte de lait oubliée peut provoquer une réaction allergique chez Simon.

L’absence de produits allergènes n’est pas la solution

Selon Marie, retirer tous les produits allergènes de la maison n’est pas la solution à préconiser pour protéger son enfant. Dès son jeune âge, celui-ci doit voir l’aliment pour comprendre que celui-ci est dangereux. Si tous les produits sont bannis du domicile, l’enfant, en arrivant chez un ami, il n’aura pas les réflexes aiguisés pour différencier les aliments permis de ceux néfastes pour lui.

Mettre les aliments allergènes hors de la portée de l’enfant

Luc et Marie se sont vite rendu compte que leur fils, curieux de nature, adorait ouvrir les armoires et le réfrigérateur et toucher à tout ce qu’il trouvait : ils n’avaient pas d’autre choix que de retirer les aliments dangereux de la portée de Simon.

Ils ont commencé par déplacer lesdits aliments dans les armoires du haut impossible d’accès pour un enfant. Ils ont ensuite installé une serrure à l’épreuve des enfants sur la porte du réfrigérateur, pour un maximum de sécurité. Dès que Simon fut assez grand pour comprendre qu’il devait se tenir loin de certains aliments, la serrure a été retirée.

À chacun son napperon

Chez les Marois : chacun possède son propre napperon. Simon lave lui-même le sien après chaque repas afin d’éviter la contamination, et il l’entrepose dans un lieu sécuritaire.

Un code de couleurs

Simon a parfois de la difficulté à se retrouver dans le réfrigérateur bondé. Quels sont les plats qu’il peut-il manger? La famille a rapidement instauré un code de couleurs très simple qui leur permet de bien gérer le réfrigérateur : si le plat est identifié d’un autocollant vert, il peut y toucher et s’il est marqué de rouge, il doit garder ses distances. Cette méthode permet aux cadettes d’elles-mêmes préparer des mets, tant et aussi longtemps qu’elles les identifient ensuite de la bonne couleur.

Méthode sans risque pour les chaudrons : le double nettoyage

Marie a pris la bonne habitude de toujours préalablement laver à la main les chaudrons et les plats de cuisson et d’ensuite les mettre au lave-vaisselle pour un deuxième nettoyage. Elle est certaine qu’ils ne seront plus contaminés, et qu’ils ne souilleront pas tout le reste du contenu du lave-vaisselle.

Manger des plats faits maison

Lorsque Marie a réalisé que la grande majorité des desserts et des plats préparés contenaient soit des œufs, du lait, des arachides, ou des traces de l’un ou l’autre de ces aliments, elle s’est mise à cuisiner davantage. Avec un peu de recherche en librairie, on trouve facilement des livres spécialement créés pour contrer les allergies alimentaires, comme les livres Vivre avec les allergies alimentaires, Déjouez les allergies alimentaires, De l’allergie aux plaisirs de la table, Recettes anti allergie pour votre enfant et Peut contenir des traces de bonheur. Certains sites offrent aussi une section « recettes sans allergène », comme Recettes du Québec, Pinterest, Déjouer les allergies et Le Figaro (madame), qui s’assurent de plaire à tous en offrant une variété de recettes sécuritaires, selon les allergies de chacun.

Accompagner l’enfant chez ses amis pendant longtemps

« Les parents ne comprennent pas tous l’ampleur des allergies alimentaires. Certains se disent que l’enfant allergique ne doit simplement pas abuser de ces aliments ou que ça ne changera rien si l’aliment est cuit. Certains oublient aussi que la majorité des desserts contiennent du lait ou des œufs, si ce n’est pas les deux. Moi, mon fils se rend à l’hôpital d’urgence s’il est en contact avec UNE seule goutte de lait, on ne joue pas avec ça! » – Marie Marois

C’est à l’anniversaire de deux ans de Simon qu’elle a compris que les parents n’étaient pas tous sensibilisés à ce problème alimentaire. Elle a accepté d’offrir un verre de lait à un ami de son fils, en avertissant bien clairement sa mère de s’assurer qu’il n’en renverse pas et que le verre soit rincé tout de suite après. La mère de l’enfant, qui ne portait pas trop attention, a simplement déposé le verre vide sous la chaise de son enfant. Simon, qui aimait toucher à tout, est allé chercher le verre et en a bu la dernière goutte. La fête d’amis fut gâchée à cet instant même, car Simon s’est mis à respirer difficilement et il a dû être transporté à l’hôpital d’urgence.

Faire des compromis avec les autres membres de la famille

Les allergies de Simon n’ont pas d’énorme impact dans la vie de ses sœurs. Pourquoi faire boire du lait de soya à tous les membres de la famille, alors que seulement une personne est allergique? Chez les Marois, les enfants ont toujours eu droit de manger des aliments contenant des allergènes : lait, œufs, yaourt, mayonnaise, fromage, beurre, biscuits, chocolat… ils doivent simplement redoubler de prudence, bien nettoyer leur napperon, manger sur la table de la cuisine (et non dans le salon), et se laver les mains après! Par précaution, toute la famille s’est longtemps privée de tous les aliments contenant des arachides. Ce n’est que depuis peu que ceux-ci ont repris leur place dans le garde-manger familial.

Toujours trouver un équivalent de repas

« Lorsque Simon était invité à une fête d’amis, il était triste de ne pas pouvoir manger du gâteau avec les autres enfants. Je lui amenais donc toujours un équivalent : un muffin sucré ou un petit gâteau sans œufs ni lait, qu’il pouvait déguster en même temps que ses amis, sans se sentir mis à part! » – Marie Marois

Les enfants allergiques en bas âge ne comprennent pas toujours pourquoi ils se font dire non; pourquoi ils sont les seuls à ne pas pouvoir goûter à ces repas ou desserts qui semblent pourtant succulents. En lui offrant un mets semblable, l’enfant oubliera qu’il était triste de manquer quelque chose, et se sentira même privilégié de pouvoir manger un plat unique, que personne d’autre ne peut goûter. Simon lui, aimait quand sa mère amenait des muffins sans allergène pour tous les amis, car il A-D-O-R-A-I-T partager.

Exploiter au maximum toutes les ressources qui s’offrent à nous

Malgré qu’elle se soit sentie désorientée lorsqu’elle a effectué ses premiers pas dans le milieu des allergies alimentaires, Marie a lentement découvert de nombreuses ressources, qui lui facilitent la vie et qui la rassurent. Ses ressources lui font aussi comprendre qu’elle peut se compter chanceuse, car son fils est en parfaite santé malgré ses allergies.

Joindre un groupe de soutien

En parlant avec des parents vivant des situations semblables à la sienne, Marie peut discuter de ses craintes, de ses questions et de ses découvertes personnelles. Elle fait partie d’un groupe de soutien sur Facebook, où les membres peuvent s’écrire et se répondre à tout moment afin de partager leurs expériences et leurs trouvailles dans un climat respectueux.

Se référer aux experts

Plusieurs experts consacrent leur vie à s’intéresser aux allergies alimentaires dans le but d’aider les parents. Marie est d’ailleurs une adepte de Marie-Josée Bettez, une auteure, blogueuse et conférencière qui voue sa carrière à aider les familles à déjouer les allergies alimentaires. Elle-même mère d’un garçon aux prises avec une trentaine d’allergies, elle a voulu répondre à un besoin pressant de créer une communauté afin de briser l’isolement et le questionnement par rapport à ce sujet. Marie se réfère très souvent à son blogue, à sa page Facebook, ainsi qu’à son livre Déjouer les allergies alimentaires. L’AQAA (Association québécoise des allergies alimentaires) se démarque aussi dans le domaine, par son site web professionnel et les informations pertinentes qu’elle peut apporter aux familles se questionnant sérieusement sur les allergies. Marie a longtemps été abonnée à leur site ainsi qu’à l’infolettre de l’association. Le site internet de Santé Canada peut aussi être une source très utile puisqu’il contient une liste des dix allergènes alimentaires prioritaires ainsi qu’une page détaillée pour chacun d’eux permettant de tout savoir sur les aliments, sur les réactions allergiques et sur comment bien se protéger.

Allergènes les plus populaires (oeufs, lait, pain, arachides, noix, agrumes, etc.)

Le quotidien plus ardu d’un enfant allergique 

Même si ses parents font tout pour lui rendre la vie plus simple, Simon vit au quotidien des défis que les autres jeunes ne connaissent pas. Voici quelques exemples d’enjeux qui doivent être considérés, si nous, notre enfant, ou quelqu’un dans notre entourage possède des allergies alimentaires.

Les sorties chez des amis : amener son repas est souvent plus commode!

C’est une question de simplicité que d’amener son repas chez ses copains et d’éviter à son hôte de devoir cuisiner deux plats différents. Ça lui enlève aussi le stress de potentiellement entrer en contact avec des œufs, du lait ou des arachides.

Les repas au restaurant : appeler pour s’informer!

Les amis de Simon organisent parfois des sorties au restaurant, et ce n’est jamais de tout repos. Certains restaurants négligent la salubrité en cuisine, ce qui augmente les risques de contamination entre les aliments. Lorsque le restaurant est choisi, Simon doit toujours appeler l’établissement pour s’assurer que certains repas sur le menu sont appropriés pour lui. Le plus simple est de parler directement au chef pour s’assurer qu’il pourra manger l’esprit tranquille ce soir-là.

Une semaine en camp de vacances : c’est possible!

Depuis qu’il est petit, Simon se rend dans un camp de vacances de plein air, une semaine par été, pour retrouver ses amis et profiter pleinement de la nature. Chaque année, c’est la même histoire; Marie appelle la cuisinière du camp pour prendre connaissance du menu de la semaine, et elle prépare des plats similaires à ceux qui seront servis aux autres jeunes, mais sans les allergènes. Lors de son arrivée au camp, il entrepose tous les plats dans le congélateur, et avant chaque repas, il vient choisir le sien en fonction de ce que les autres mangent. Simon est toujours ravi lorsque la cuisinière prend le temps de lui cuisiner un repas spécial ou lorsqu’elle sert un repas non contaminé par les allergènes à tous les jeunes et que lui aussi peut y goûter!

Les soupers de famille : se servir en premier est la clé!

Lors des soirées de fêtes familiales, Simon doit s’assurer de bien surveiller ce qu’il mange. Son truc : mettre dans son assiette la quantité de nourriture qu’il pense pouvoir manger durant la soirée avant que celle-ci ne commence et que tous les plats de service et les ustensiles n’aient touché à des allergènes. Il évite ainsi de devoir se resservir et d’avoir à demander ce qui a été mélangé et ce qu’il peut encore manger. Ça permet aussi à sa famille d’utiliser sans crainte des œufs, du lait ou des arachides dans certaines recettes, pourvu que Simon n’en prenne pas!

En somme, Simon, ses parents et ses sœurs sont un exemple d’une famille qui vit pleinement malgré l’épée de Damoclès qui plane constamment au-dessus de leur tête. Les allergies sont un gros défi à surmonter au quotidien et il est parfaitement normal de se sentir désorienté lors de nos débuts dans cet univers. Le découragement pourra heureusement se dissiper rapidement grâce aux nombreuses ressources et possibilités qui s’offrent à nous pour contrer le tout. L’important, c’est de sensibiliser sa famille et son entourage, de se développer des trucs personnels pour bien vivre au quotidien et de ne pas se priver de sortir ni de mordre dans la vie à pleines dents… assurez-vous seulement de ne pas mordre d’aliments auxquels vous êtes allergique haha!

* Les prénoms et noms des membres de la famille ont été modifiés par souci de confidentialité.

Une rangée de boites à lunch en papier brun devant un tableau noir, avec des pommes.

Par ici les curieux

Les allergies dans les CPE

Les CPE sont responsables d’alimenter les enfants qui y passent leurs journées. Ils ont donc le mandat de servir des repas non contaminés par des allergènes alimentaires aux jeunes qui ont été préalablement diagnostiqués.

Les parents ont le devoir de fournir un avis médical concernant les allergies de leurs enfants, de prendre connaissance des menus afin de demander certains changements si jamais le besoin se présente et de fournir les médicaments d’urgence ainsi que la prescription relative à l’administration dudit médicament.

Le personnel éducateur gère toute la prévention à la contamination : sensibiliser les autres enfants du groupe au sujet des allergies, s’assurer du lavage des mains et de la bouche de tout le monde après les repas, apprendre aux enfants à ne pas échanger la nourriture ni les ustensiles, bien nettoyer la salle à manger après les repas, changer les vêtements d’un enfant si ceux-ci sont contaminés par un allergène, etc.

Les parents des autres enfants ont le devoir de bien laver les mains et le visage de leur jeune, ainsi que de leur mettre des vêtements exempts de traces de nourriture avant de les amener au CPE le matin.

Les allergies dans les écoles primaires

Les écoles primaires doivent suivre la politique sur les saines habitudes de vie mise en place par leur commission scolaire, mais les règlements concernant l’alimentation sont tout de même différents d’une école à l’autre, pourquoi? En plus d’évacuer la présence de noix et d’arachides dans l’école, chaque établissement scolaire, voire chaque classe, adopte certains règlements spécifiques, selon les allergies des jeunes du groupe. Certaines collations sont mangées dans le local, directement sur les bureaux. Imaginez qu’un enfant boive un berlingot de lait et en échappe quelques gouttes sur la table, et que son ami allergique aux produits laitiers vienne ensuite le rejoindre, entrant ainsi en contact avec l’allergène. Une réaction peut être provoquée aussi simplement que cela!

Les enseignants doivent donc veiller à ce que les enfants allergiques mangent uniquement le contenu de leur boite à lunch et que tous les autres jeunes respectent les règles spécifiques imposées par l’école ou la classe.

Les parents des autres enfants doivent respecter les règlements, et ne fournir à leurs enfants que les aliments autorisés.

Pour plus d’information, visitez le site internet du Gouvernement du Canada.

    2 Comments

    Leave a Reply

    Your email address will not be published. Required fields are marked *